Il y a presque un an, fin mai 2020, un article de la RTBF nous apprenait que la majorité avait décidé de déboulonner la statue du Lieutenant-Général STORMS, édifiée au square de Meeûs.
Geoffroy KENSIER, chef de groupe, interpelle le Collège sur ce dossier lors du conseil communal du 18 mars 2021.
Voici son interpellation :
Dans vos réponses suite à notre interpellation de juin dernier, vous nous appreniez qu’une demande de permis d’urbanisme a en effet été introduite à la Région en application de l’article 98 §1er 11° du CoBAT pour démonter le buste du Lieutenant-Général STORMS et son socle situés dans un square classé.
Vous nous aviez informé que la Région a accusé réception de la demande de permis en date du 13 mai 2020. Il s’agit d’une procédure de « permis unique » puisqu’il regroupe les volets urbanisme et patrimoine.
Vos démarches à la mi-mai 2020 semblaient mues par la précipitation afin de pouvoir lier ce déboulonnage aux commémorations du 60ème anniversaire de l’indépendance du Congo. En vain.
L’histoire de notre pays mérite mieux qu’une annonce unilatérale d’une autorité communale prise à la va-vite sans un large débat ; débat qui doit avoir également pour vocation d’apaiser notre société aux mémoires diverses.
En novembre 2020, la Région bruxelloise a mis en place un groupe de travail sur la décolonisation des espaces publics à Bruxelles. Ce groupe de travail a pour tâche de rédiger un rapport intermédiaire et de le présenter au gouvernement bruxellois avant la fin 2020. Ce rapport sera suivi d’un rapport final en 2021. Ce rapport devrait proposer des mesures concrètes et un plan d’action pouvant être mis en œuvre à court et à long terme.
Au niveau fédéral, la Chambre des représentants a mis en place une commission spéciale chargée de faire la clarté sur l’État indépendant du Congo (1885-1908) et sur le passé colonial de la Belgique au Congo (1908-1960), au Rwanda et au Burundi (1919-1962) et d’en tirer des enseignements pour l’avenir. À côté de l’examen du rôle des acteurs concernés et de l’impact économique de la colonisation sur la Belgique et les pays colonisés, la commission formulera des recommandations sur la réconciliation et sur la manière d’aborder le passé. Elle analysera aussi minutieusement la recherche universitaire (post)coloniale en portant une attention particulière à l’accessibilité des archives. Pour l’assister dans sa mission, la commission fait appel à un Collège d’experts.
Nous nous interrogeons comme vous le savez sur la pertinence de votre décision mais aussi les conséquences de votre choix de déboulonner une statue dans l’espace public alors qu’un débat serein est entamé au niveau régional et fédéral.
– Pouvez-vous nous informer de l’état d’avancement de vos démarches suite à l’introduction, en date du 13 mai 2020, d’une demande de permis d’urbanisme pour démonter le buste du Général STORMS ?
– Pouvez-vous nous confirmer que votre demande de permis unique est devenu caduque, faute d’avoir complété le dossier auprès du fonctionnaire délégué et ce conformément à l’article 176 alinéa 4 du COBAT : « Si, dans les six mois de la notification du caractère incomplet du dossier, le demandeur ne communique aucun des documents ou renseignements manquants, la demande de permis est caduque» ? Dans l’affirmative, pour quelles raisons le dossier n’a-t-il pas été complété ? Le Collège projette-t-il d’introduire une nouvelle demande de permis unique et à quelle échéance?
– La Commission royale des Monuments et des Sites a-t-elle rendu un avis? Pouvez-vous nous le communiquer ?
– Pensez-vous que cela soit judicieux de procéder dès maintenant au déboulonnage d’une statue quand on sait que les recommandations des experts ne sont pas attendues avant plusieurs semaines ?
– Depuis juin 2020, la statue est souillée de peinture rouge créant un sentiment d’abandon. Comptez-vous faire procéder à son nettoyage à l’instar de ce qui se fait régulièrement pour d’autres statues notamment celle de Leopold II qui se trouve à proximité ?
Nous concluons en vous rappelant, à nouveau, les mots de Michel DRAGUET, conservateur en chef des Musées royaux des Beaux- Arts de Belgique, dans une carte blanche publiée dans le journal Le Soir du 12 juin 2020 dans la foulée de votre annonce du déboulonnage de cette statue :
“Déboulonner n’est pas réécrire l’histoire. C’est un geste politique inscrit dans le présent. Il vise à donner satisfaction à des groupes de pression. À l’usage, on se rend compte que l’opération ne relève pas de l’exercice démocratique, mais d’un coup de force fondé sur l’adéquation de l’opinion publique et d’un momentum politique de plus en plus tributaire du vent qui souffle depuis les réseaux sociaux“.
Nous vous remercions pour vos réponses.