La mise à sens unique du pont Arnaud Fraiteur continue de susciter de nombreuses réactions.

Notre chef de groupe, Geoffroy Kensier, interpelle le Collège le jeudi 30 septembre.

Voici son interpellation :

Monsieur le Bourgmestre,
Madame l’Echevine du commerce,
Monsieur l’Echevin de la mobilité,

En juin 2020, je vous interpellais déjà suite à votre décision de mettre à sens unique le pont Fraiteur. Pour rappel, suite à votre décision, il n’est plus possible de rejoindre le quartier du cimetière en venant de Delta. Cela a des conséquences pour les Ixelloises et les Ixellois qui viennent notamment de l’E411 et qui veulent rejoindre leur domicile mais aussi pour toutes les personnes qui souhaitent accéder aux commerces.

Nous n’allons pas revenir sur la concertation – si on peut appeler cela ainsi -, avec les commerçants et les riverains. On se rappellera que des commerçants ont même intenté une action en justice contre cette décision de mise à sens unique.

Pour réduire le trafic de transit qui traversait le quartier, vous avez choisi la solution radicale d’empêcher l’accessibilité de ce quartier par le pont. Cela a engendré, comme cela était prévisible, un report de trafic sur le boulevard Général Jacques qui est à présent fortement encombré mais également dans des quartiers résidentiels de Watermael-Boitsfort et du sud d’Ixelles.

« Ixelles n’est pas une île » affirmons nous tous régulièrement au sein de cette assemblée mais dans le cas d’espèce cela semble être le cas.

Sur le blog de l’Echevin de la mobilité, M. Yves Rouyet, un article de décembre 2020 consacré à la rénovation du pont Fraiteur nous informait au sujet des alternatives pour le trafic de transit et pour les habitants du quartier. Nous citons : « Les navetteurs à destination des avenues Roosevelt et Louise sont invités à sortir de l’autoroute à Herrmann-Debroux et emprunter le bd du Souverain. Les navetteurs à destination de l’avenue de la Couronne sont invités à emprunter le bd du Triomphe à Delta vers le bd Général Jacques. (en tournant à droite à la pompe à essence). Les habitants du quartier du Cimetière d’Ixelles sont invités à sortir de la E411 à Demey et emprunter la rue des Pêcheries, Arcades et l’avenue de Visé. »

Quelques mois plus tard, le 21 août 2021, le journal La Capitale titrait : « La rue des Pêcheries se fissure à cause du trafic trop important.» Plus loin on pouvait lire : « Chaussée abîmée, nuisances sonores, vibrations, trottoirs trop étroits, voitures griffées, cyclistes en danger… voici quelques-uns des éléments qui constituent le quotidien des habitants de la rue des Pêcheries, une voirie à cheval sur Auderghem et Watermael-Boitsfort. Située proche d’une sortie de l’E411, la rue des Pêcheries hérite d’un transit venant entre autres d’Auderghem, Watermael-Boistfort, Ixelles, Uccle, le Bois de la Cambre mais également de la périphérie. Selon les riverains, ce trafic se serait renforcé depuis la mise à sens unique du pont Fraiteur, à Ixelles. Pour pouvoir rejoindre le cimetière d’Ixelles sans devoir faire un détour par les bouchons du boulevard Général Jacques, un certain nombre d’automobilistes choisirait de couper par les Pêcheries. Cela indispose tant les riverains qu’ils ont lancé une pétition ainsi qu’une campagne d’affichage sur leurs fenêtres. « Non à l’autoroute des Pêcheries », peut-on lire sur ces affiches. »

A la lecture de cet article, nous apprenons que deux échevines de deux communes différentes, Mesdames Sophie De Vos (DéFi) d’Auderghem et Marie Noëlle Stassart (Ecolo) de Watermael-Boitsfort ont écrit à la Région et à la commune d’Ixelles pour faire part de leurs inquiétudes quant au report de trafic que ce changement de circulation a provoqué et afin de voir si des alternatives pouvaient être trouvées.

– Pouvez-vous communiquer la réponse que vous avez adressé à leur courrier ?

La semaine dernière, sur le site Internet de la Libre et dans la DH du 25 septembre 2021, on pouvait lire un constat très sombre des conséquences suite à cette mise à sens unique du pont Fraiteur ?
Nous allons vous épargner tous les témoignages que l’article contenait, mais en voilà juste trois:

« Avant, on avait beaucoup de clients qui passaient devant le magasin, s’arrêtaient et repartaient. La clientèle de passage n’existe plus ».

Un autre commerçant : « C’est catastrophique ce qu’il se passe. Il y a plus de 180 commerces sur le cimetière, ça fait de l’emploi pour 300-400 personnes, et il y a une chute nette de la fréquentation. Les clients disent que c’est trop compliqué de venir chez nous ».

Le dernier : « C’est une évidence qu’on rouvre le pont dans les deux sens vu l’impact socio-économique sur le quartier. Avant le quartier était super chouette, avec une mixité sociale. Maintenant il est enfermé et se vide. Les commerces sont de moins en moins qualitatifs et sont monopolisés par l’Horeca.»

Force est de constater que ce quartier va mal. La situation ne peut plus perdurer. Alors oui, vous vous réjouissez de l’augmentation de la vitesse commerciale de la ligne 71. C’est une bonne chose et l’élargissement du pont permettant maintenant à deux bus de s’y croiser y est certainement pour quelque chose. Mais de là à en faire l’unique objectif de cette mise à sens unique, c’est difficilement acceptable pour les habitants et les commerçants du quartier.

– Pourquoi maintenir une décision qui crispe autant ?
Pourquoi ne pas organiser une consultation des Ixelloises et des Ixellois pour qu’ils puissent faire entendre leur point de vue ?
Pourquoi ne pas réouvrir le pont et mettre en place un plan de mobilité qui empêche le trafic de transit et évaluer ce plan après un an ?
Quelles initiatives comptez-vous prendre pour répondre aux inquiétudes des commerçants et répondre aux demandes des habitants ?

On décide souvent de s’installer dans un quartier pour la qualité des commerces à proximité. Ces commerces ne vivant pas exclusivement des clients habitants le quartier, la diversité de la clientèle est essentielle pour permettre à certains commerces de se maintenir. Si cette clientèle extérieure ne peut rejoindre les commerces, c’est à long terme tout un quartier qui se transforme. L’attractivité de départ n’est plus et la physionomie d’un quartier change…

Partager: